mercredi 18 juillet 2012

Ce mot qui handicape…


A Paris, Berlin, Londres, New York ou Barcelone pour ne citer que ces capitales le concept « dans le noir » prend de l’ampleur et devient un véritable phénomène de mode. Dans des spa, restaurants ou bars, de jour comme de nuit, les clients sont invités à profiter de leur massage, de leur repas ou à prendre un verre… dans le noir. Et si vous vous demandez comment le personnel fait… eh bien il porte des lunettes infrarouges pour assurer le service ;)

Dans un esprit moins mercantiliste, les artistes maliens Amadou et Myriam  eux, proposent une « expérience  sensorielle » au public. Dans leur nouveau spectacle éclipse, ils se produisent dans une obscurité totale.  Par ailleurs, il s’agit aussi pour le couple aveugle de partager leur vécu de non voyants avec les spectateurs.

Et enfin dans une démarche plus militante, la Fédération des Aveugles de France (FAF) a imprimé pour 2012 un calendrier mettant en scène des personnalités politiques et célébrités françaises dans une situation de handicap visuel pour dénoncer les difficultés auxquelles se heurtent les aveugles.

Certaines de ces  initiatives peuvent sembler loufoques certes mais elles contribuent, chacune à leur manière à porter un autre regard sur les personnes vivant avec un handicap.

Lutter contre les discriminations à l’encontre des PVH (Personnes Vivant avec un Handicap) est un défi de taille à relever et passe assurément par un changement dans la manière dont nous parlons et agissons envers eux. D’ailleurs pour beaucoup d’entre nous, nous parlons de « handicapés » pour référer aux personnes vivant avec un handicap.

Imaginez qu’après une maladie ou un accident (lahawla*), vous venez à perdre l’usage d’un de vos membres (paralysie) ou le membre lui même (amputation) ou un de vos sens (vue, ouïe, etc.) et que malgré ce « handicap » vous vaquez à vos occupations…

Voudriez vous qu’on vous appelle « handicapé » ? La réponse est évidemment NON !

Pas parce que ce mot revêt une connotation négative mais juste parce que vous n’êtes pas « handicapé » mais « en situation de handicap » car vous continuez d’user de vos autres facultés qu’elles soient physiques ou mentales. Eh bien voilà, aussi banale que cela puisse paraître il est important d’utiliser la bonne terminologie pour parler des PVH.

De manière inconsciente, le langage que nous utilisons construit et forge notre perception des choses et naturellement nos attitudes et comportements. Avec nos mots à connotation négative, nous avons au fil du temps, stigmatisé, marginalisé puis discriminé une partie de la population. Ces femmes, ces hommes, ces garçons et ces filles que nous avons labélisés « handicapés ». 

Des personnes que nous regardons avec pitié ou dans le meilleur des cas avec compassion. Les PVH puisque c’est d’eux dont il s’agit n’ont nul besoin que l’on s’apitoie sur leur sort ! Respectons leurs droits en les mettant dans les mêmes conditions de vie (accès égal à l’éducation, prise en compte de leurs besoins dans la construction des bâtiments et espaces publics, etc.) et en leur offrant les mêmes opportunités que le reste de la population. C’est la seule et la meilleure manière de leur rendre justice.

Et gardons à l’esprit que nul est à l’abri d’un handicap…

Faty.





* Expression populaire au Sénégal pour dire que Dieu nous en préserve