A Paris, Berlin, Londres, New York ou Barcelone pour ne citer
que ces capitales le concept « dans le noir » prend de l’ampleur et
devient un véritable phénomène de mode. Dans des spa, restaurants ou bars, de
jour comme de nuit, les clients sont invités à profiter de leur massage, de leur
repas ou à prendre un verre… dans le noir. Et si vous vous demandez comment le
personnel fait… eh bien il porte des lunettes infrarouges pour assurer le
service ;)
Dans un esprit moins mercantiliste, les artistes maliens Amadou
et Myriam eux, proposent une « expérience sensorielle » au public. Dans leur
nouveau spectacle éclipse, ils se produisent dans une obscurité totale.
Par ailleurs, il s’agit aussi pour le couple aveugle de partager leur vécu de non voyants avec les spectateurs.
Et enfin dans une démarche plus militante, la Fédération des Aveugles de France (FAF) a imprimé pour 2012 un calendrier mettant en scène des personnalités politiques et célébrités françaises dans une situation de handicap visuel pour dénoncer les difficultés auxquelles se heurtent les aveugles.
Certaines de ces initiatives peuvent sembler loufoques certes mais elles contribuent, chacune à leur manière à porter un autre regard sur les personnes vivant avec un handicap.
Lutter contre les discriminations à l’encontre des PVH
(Personnes Vivant avec un Handicap) est un défi de taille à relever et passe
assurément par un changement dans la manière dont nous parlons et agissons
envers eux. D’ailleurs pour beaucoup d’entre nous, nous parlons de
« handicapés » pour référer aux personnes vivant avec un handicap.
Imaginez qu’après une maladie ou un accident (lahawla*), vous
venez à perdre l’usage d’un de vos membres (paralysie) ou le membre lui même
(amputation) ou un de vos sens (vue, ouïe, etc.) et que malgré ce
« handicap » vous vaquez à vos occupations…
Voudriez vous qu’on vous appelle « handicapé » ?
La réponse est évidemment NON !
Pas parce que ce mot revêt une connotation négative mais juste
parce que vous n’êtes pas « handicapé » mais « en situation de
handicap » car vous continuez d’user de vos autres facultés qu’elles
soient physiques ou mentales. Eh bien voilà, aussi banale que cela puisse
paraître il est important d’utiliser la bonne terminologie pour parler des PVH.
De manière inconsciente, le langage que nous utilisons
construit et forge notre perception des choses et naturellement nos attitudes
et comportements. Avec nos mots à connotation négative, nous avons au fil du
temps, stigmatisé, marginalisé puis discriminé une partie de la population. Ces
femmes, ces hommes, ces garçons et ces filles que nous avons labélisés
« handicapés ».
Des personnes que nous regardons avec pitié ou dans le
meilleur des cas avec compassion. Les PVH puisque c’est d’eux dont il s’agit
n’ont nul besoin que l’on s’apitoie sur leur sort ! Respectons leurs
droits en les mettant dans les mêmes conditions de vie (accès égal à
l’éducation, prise en compte de leurs besoins dans la construction des
bâtiments et espaces publics, etc.) et en leur offrant les mêmes opportunités que
le reste de la population. C’est la seule et la meilleure manière de leur
rendre justice.
Et gardons à l’esprit que nul est à l’abri d’un handicap…
Faty.
* Expression populaire au Sénégal pour dire que Dieu nous en préserve