mardi 14 janvier 2014

Everyone knows. No one cares (???)



Image prise sur ce lien-ci.
They are thousands. Most of them come from the countryside and more and more from neighbouring countries. They are visible everywhere. If you are a foreigner in Senegal they’ll probably be one the first things you will notice. For us, Senegalese, beggars are one of those things we are so familiar with that we may only notice once they are gone. It’s a shame to say it, but this is the sad reality.

Over the years, beggars have become part of the décor of Dakar, the Senegalese capital. The day beggars disappeared from our streets, I bet it would be hard to recognise some areas of the city. I’m sure some would miss their turn just because the group of little beggars that usually signpost their route have not shown up. Others won’t recognise the tree that tells them to take left, because the mum with the twins sitting under it for the last 5 years would no longer be there. A round about like “Castors” will be just unrecognisable if the dozen or more families, and as many little beggars, disappeared. Dakar without its beggars would be chaos!

A good practice that went wrong 

Originally parents would send their kids to far corners for a few years in a Daara  - a religious school - to learn the Qu’ran. Kids would spend most of their time learning scripture and at lunchtime would go to a few houses in the neighbourhood asking for food. This exercise was part of their education to teach them about humility. Over the years, more and more kids were sent to Daara, and less and less money went to the Marabouts to take care of them. Many poor families across the country would send their kids to Daara under the pretext of learning Qu’ran while the true reason would be to have fewer mouths to feed. At the same time, some people calling themselves Marabouts set up Daara to exploit kids and make them beg for their profit all day long.

… fuelled and perpetuated by religious and cultural beliefs

This dimension of begging could not been better illustrated than in the fiction book La grève des Battùs (Beggars’ strike). In this book, the author Aminata Sow Fall, describes perfectly the only valid explanation underlying and perpetuating the begging phenomenon and its scope in Senegalese Society. I don’t want to spoil the story of the book but basically it says if beggars disappeared from our streets, we would be the first to go and look for them.

It seems weird but for those who know Senegal would know how deeply Senegalese (a good majority of them) are into mysticism, despite being at 95% Muslims. In fact I could only imagine how desperate and devastated some would be to not find beggars to give some food or some money to expiate their sins, cast away the evil eye, have good karma, secure rewards in the after-life, get that girl, and the other hundreds of reasons to give charity. For those who rely on offerings to sort out their entire life, this situation will be a tragedy.

A sensitive issue. At all levels. 

An amazing number of projects and programmes have been developed to combat this phenomenon, and some of them implemented. Yet begging is far to be eradicated. In fact it’s even increasing and expanding as it now includes new profiles. Former President Wade, a few months before the 2012 presidential elections, took an official directive to clear the streets of beggars. The intervention of religious leaders - who are quite powerful in our society - divided the population, meaning those who supported this measure did not feel able to shout loud enough.  As a result the President had to retreat a week later.

No one complained. People even seemed relieved … This reaction is the Senegalese paradox. Each and every Senegalese will tell you that they feel angry and sad seeing little kids or entire families begging in the streets. However, for a hundred thousand reasons and beliefs, they won’t stop giving charity and thus won’t stop perpetuating this phenomenon.

As beautifully demonstrated in the La Grève des Battus, do we need the beggars as much as they need us? If so, how do we change?

Faty.

mardi 23 avril 2013

Ces politiques...


CC photo: senego
CC photo: senego
Dédicace à Karim Wade, ancien "Ministre du ciel et de la terre" et fils de l'ancien Président Sénégalais Abdoulaye Wade pour avoir inspirer ce texte. 

Faut pas croire en leur discours illusoire,
Qu’ils soient de l’opposition ou du pouvoir
C’est d’abord des loups avides d’avoir et de pouvoir
Des loups qu’aucune souffrance ne peut émouvoir
Ces pauvres gigolo qui se prennent pour des intello
Ils font plutôt penser à des "golo" (singes)
Avec leur gombo, pardon, NOTRE gombo ils prennent des airs
S'ils savaient à quel point ils nous pompent l’air
Pauvres arrivistes, la différence entre eux et nous autres
C’est que nous, nous avons gagné notre argent
Eux (pour la plupart), la politique leur a fait découvrir l’argent
Pis ils ont de ces complexes qui me laissent perplexe
De ces reflexes qui donnent envie de disparaître dans un vortex !
Je sais ça devient complexe
Mais je vous assure ce qu’ils font ou disent est simplement rocambolesque
Sinon comment expliquez que l’on vole l’argent de tout un peuple
Et que l’on en appelle à ce même peuple

...Pour crier « son innocence » ?
Voilà ce que j’appelle de l'INSOLENCE
Dans une situation aussi écœurante
Un geste de trop serait peu tolérable
Le trop est-il le fait d’avoir détourner des deniers publics,
Où le trop est le fait de nier et de prendre le peuple Sénégalais pour des cons ?
Le trop s’est peut-être tout simplement cette foutue marche pour « exiger la libération de Karim Wade»
Bref, il est peut-être temps de sonner la fin de la récréation...
Faty

mercredi 14 novembre 2012

Coumba au pays des merveilles


Brésiliennes, mexicaines et maintenant indiennes et même chinoises, les télénovélas polluent nos écrans et ont l’art de nous (pas tous) abrutir à souhait. Consciemment ou inconsciemment d’ailleurs. Et pour cause, ces séries nous transportent dans une vie imaginaire, d’amour idyllique, de jeunes riches oh à quel point beaux, avec des filles belles, sexy et qui font tout ce qu’elles veulent !

Des années durant, le suspens est maintenu, distillé à coups de rebondissements aussi idiots qu’invraisemblables. Mais que dis-je ? C’est bien là le but du jeu non ? Rendre accroc, faire rêver…  Qu’à cela ne tienne ! Les téléspectateurs ont envie de rêver. C’est doucement mais surement qu’ils sont entrainés au pays des merveilles, là où la fameuse Alice a élu domicile. Là où les hommes sont tous (à l’exception des méchants) beaux, riches, gentils, attentionnés, bien coiffés et avec une parfaite manucure. Satanée Alice !

Petit inventaire

Rose sauvage, Chikinia gonzaga, Rubi (j’avoue, j’ai adoré cette série), India love story, Beverly Hills, Melrose place, et plus récemment Vampires Diary et Gossip girl ! Ces séries américaines concernent une autre catégorie de la population et ses effets sur son public sont tout aussi ravageurs.

Aussi abrutissantes et idiotes (les degrés diffèrent d’une série à une autre) que nous savons qu’elles sont, nous avons tous regardé ou au moins une fois, jeté ne serait-ce qu’un coup d’œil à l’une de ces séries. N’est-ce pas ? Là où se trouve la différence c’est le recul que nous pouvons avoir ou non par rapport à leur contenu. Si certains regardent pour passer le temps, d’autres par contre deviennent accrocs et vont jusqu’à s’identifier à leur héro(ïne) et à la vie de ce(tte) dernier(e).

Quand la fiction se mêle à la réalité

Résultat des courses : des filles qui se prennent pour Blaire Waldorf de Gossip Girl, se transforment en Lolita (maquillage, look ultra sexy, sexualité précoce) et des garçons qui sont devenus des fashion victims et à qui ils ne manquent que le poudrier Dior-pour-Homme pour compléter leurs accessoires. Des ados qui passent leur temps à rêvasser de strass et de paillettes, courent derrière des amis riches, roulent des rrrrrr, se font des smack à tout va, se font la bise 10 fois dans la même journée, s’appellent par des surnoms ridicules, passent leur temps à s’exhiber sur Facebook et à fantasmer sur les sites des « people »… la liste est loin d’être exhaustive.

Dans la catégorie que je viens de décrire, nous trouvons surtout les adolescent(e)s des milieux urbains. Ce groupe, hélas, n’est pas le seul « contaminé » par les effets néfastes des télénovelas et autres séries américaines. Des sujets plus âgés issus de diverses catégories socioprofessionnelles sont aussi concernés. Certains trentenaires et même quarantenaires sont atteints. Mais c’est quand même chez les ados que le phénomène fait plus le de ravages. D’ailleurs je n’écris pas pour critiquer mes cadet(e)s et pairs mais en tant qu’ancienne « victime » (mon cas n’était pas critique nak), c’est avec une grande humilité que je rédige ces lignes.

Vivons notre réalité

Pour les personnes dont ce genre de vie est réalité (il y en à Dakar et il ne faudrait pas leur en vouloir… bon disons pour ceux dont les parents ont gagné dignement leur argent) tant mieux. Pour les autres, acceptez que vous ne fassiez pas parti de ce milieu. Vivez votre réalité et basta. Il n’y a aucune honte si vous n’avez pas de quoi allez faire du shopping tous les weekends, si vous n’avez pas la permission pour aller à la teuf du quartier ou pour acheter la nouvelle paire de ballerine Guess. Ceci n’est la réalité que pour une minorité surtout dans un pays pauvre comme le nôtre.

Mettez à profit toutes ces heures passées à rêvasser pour penser à votre avenir. Il y aura toujours des teufs, toujours de belles chaussures, de belles robes, des restaurants tendances, des endroits branchés où vous pourrez aller vous éclater. Si vos amis d’aujourd’hui dans 5 ou 10 ans roulent en BMW alors que vous n’avez pas le moindre sou en poche (car vous séchiez les cours et faisiez la teuf), rien de tout cela ne vous intéressera. Au contraire, vous allez être malheureux au point que vous irez vous cacher pour vous faire oublier tellement vous ne sauriez pas où vous mettre. Pis d’ailleurs pourquoi se forcer ? Pourquoi singer des comportements, des attitudes, des gestes, du vocabulaire qui ne sont pas les nôtres ? Pourquoi vouloir vivre comme dans Gossip Girl ? Beverly Hills ? Pourquoi essayer de ressembler à Rubi ?

Soyons heureux dans la simplicité 

Ne sous-estimons pas les moments de bonheur passés à la plage juste avec une natte et du thiaf (arachides grillés) ou les après-midi passés dans le quartier à l’ombre des arbres entrain de faire du ataya. Pourquoi préférer ces moments à des heures perdues dans des endroits où toute notre épargne ne pourrait acheter au mieux que le ticket d’entrée ? À quoi bon aller perdre son temps à faire du lèche-vitrine au sea plazza pour prendre des photos, payer un coka que l’on sirote pendant 2 heures pendant que l’on texto tous ses ami(e)s pour leur demander où ils sont juste pour pouvoir dire : “Lol. Tu sors pas puce ? Moi suis au sea plazza en face de l’océan, entrain de siroter mon Coka. xoxoxo”.


Texto auquel Coumba répondra par : “J’ai pas envie de sortir ce soir, j’ai le blues… je préfère rester devant la télé regarder l’incroyable famille Kardashian. Au fait tu savais que Kim sort maintenant avec Kanye West. Ohhhh my Gosh j’aurais aimé être à sa place xoxoxo”.

Je vous laisse imaginer la suite de la discussion…

Faty

mercredi 24 octobre 2012

Macky, Wade, Idrissa Seck et Ibrahima Fall en plein ''tesseunté''


De là ou je me trouvais, je pouvais entendre sa voix donner des ordres : Talène woto yi la wakh (brûlez les voitures) ! Na deuk bi tang, na deuk bi pouthie pathie waay (que ça chauffe) et ainsi de suite… L’homme à la voix rauque et au regard terrifiant haranguait une foule de jeunes armés de gourdins de toute sorte. Ils avaient l’air menaçants et étaient prêts…

Commençons par le commencement…

Mardi 23 octobre, 1 heure du matin. Je me suis endormie en regardant un film (ennuyeux). J’ouvre les yeux et regarde autour de moi. Personne. Ce n’était donc qu’un rêve… Pourtant ils étaient tous là et avaient l’air bien réels. Me Abdoulaye Wade, Macky Sall, Ibrahima Fall, et oh non… Idrissa Seck ! Tous, dans le salon entrain de discutailler. J’en ai encore les oreilles qui bourdonnent.

Comment va Karim* ? Que devient-il ?  Mme Viviane* s’est t-elle débarrassée de ses horribles colliers ? Macky, tu veux toujours pas dormir au palais ? Et toi Ibrahima, bon sang ou étais-tu ? Idy naka nga fanané ?

J’aurais dû m’en tenir à ces banalités usuelles mais que Non, c’est plus fort que moi. J’ai ouvert la bouche et la question est partie toute seule : Alors c’est comment cet après élection ?
 
Je n’ai pas le temps de rectifier la question pour la faire oublier que Wade se fend d’un ‘‘haaa ! Alors Macky goné gui néna nou deuk bi démé ?!!! Wakhal ! ’’
 
Macky Sall, Président du Sénégal 2012 - ?
Macky : Wakhoul lolou deh! Elle a juste demandé comment va le pays. Et je dis que le pays va très bien ! 

Wade : Ahh non nonono, elle a bien dit notre avis après les élections. La question est très précise. Wakhal key tontou wo.

Ibrahima Fall : Pour une fois, je suis d’accord avec le vieux. Au Sénégal, quand une question inclut « c’est comment » c’est que la personne cherche des explications. Et si tu veux mon avis, Macky tu as déçu les Sénégalais. Car non seulement tu es revenu sur tes prom…

Macky : Ehh toi là, on savait même pas où tu étais, même les 10 gus qui ont voté pour toi avaient oublié ton existence. Nous on pensait même (lakhawla) que tu étais malade où en tout cas t’avais de bonnes raisons de disparaître... Ndékétéyoo dara Dalou la c’était de la poudre aux yeux, tu ne voulais que le fauteuil présidentiel ! Tout ce que tu disais-là ndékété gueumo ci dara. Yow mom bou yabo nga khamni wa Senegal danio guène thi say affaire ba mou sètt. Wakhouma ngay dénoncer la nouvelle orientation du gouvernement (caractérisée par une hausse des produits). Doyen je te respecte mais nak la décence voudrait que tu t’expliques devant les Sénégalais de ton attitude avant de parler du Sénégal.

Professeur Ibrahima Fall, candidat
(malheureux) à l'élection
présidentielle 2012
 
Dans ce rêve-là, avec ces personnages-là, j’avoue, j’aurais du faire un effort pour ne pas parler politique à des politiciens…

Et durant ce monologue, tout en Macky s’exprime. Il indexe (diokhogne), il crie, il tape du pied, fronce les sourcils, bref, il fait ce qu’il peut pour intimider le professeur Fall, lui mais aussi tous les autres qui étaient présents. C’est là que je décidais de quitter cette discussion qui prenait des allures de « tesseunté» que seuls les politiciens et certaines femmes détiennent le secret.

Mais comme vous le savez, il se passe des choses dans les rêves. On peut traverser les murs, flotter dans les airs, entendre la pensée des autres, êtres dans deux endroits voir plus en même temps, faire des bonds dans le temps, bref des choses inimaginables dans la vraie vie quoi.

Donc voilà, j’ai quitté le salon et suis partie errer dans la ville et c’est là, du coté de Rebeuss que j’ai entendu cette voix rauque qui donnait des ordres à cette foule de jeunes armés de gourdins et qui les intimait d’aller caillasser toute chose ayant 4 roues… De là-bas, je pouvais encore, malgré moi entendre la conversation qui se tenait dans mon salon.

Candidat (désavoué) à l'élection
présidentielle de 2012
Idrissa Seck s’était engouffré dans la seconde qu’a duré le silence de Macky (Il reprenait son souffle j’imagine) pour prendre la parole et s’insurger contre ce dernier dont il juge l’attitude honteuse.

Idrissa Seck : ce n’est pas parce que tu pèses (il a osé parlé du poids du Prési!) plus que nous qu’il faut nous parler ainsi. Macky on t’a quand même soutenu, il ne faut pas l’oublier. Qu’as tu fais pour ‘‘nous’’ ??? (nous : ceux qui n’ont pas eu leur part du gâteau). Yow tamit même à Diouma tu as trouvé un « poste »… Ne sommes-nous pas tous restés à Dakar, à la place de l’indépendance pour te permettre de faire campagne ? han ? Et si nous tous on était parti faire campagne, tu penses que tu…

Macky ne laissa pas continuer ‘‘Comment ça vous m’avez laissé faire campagne ? Vous ne vouliez pas allez aux élections oui ! La vérité ? Vous n’étiez pas prêts !

Du coté de Rebeuss où j’errais, j’ai, par télépathie (oui c’est possible dans un rêve), recentré le débat en reprécisant ma question : Que pensez-vous du pays 6 mois après les élections ?
 
Me Abdoulaye Wade, ancien Président
(qui se croit toujours président) du
Sénégal 2000-2012
Wade : Waa Macky do tontou ?!! Niaw louné nga digué : je vais réduire le prix des denrées de première nécessité, je vais arrêter les coupures, je vais augmenter les salaires, je vais régler les problèmes de l’éducation, je vais m’occuper des inondés, je vais avoir un gouvernement de 25 Ministres, je vais réduire le budget de la présidence, je vais faire des audits, je vais, je vais rek ! Walaaa mingui ni nak après 6 mois point mort. Mako wakh, damanéé wédi guiss bokou ci ! 
  

Faty.
 

mercredi 18 juillet 2012

Ce mot qui handicape…


A Paris, Berlin, Londres, New York ou Barcelone pour ne citer que ces capitales le concept « dans le noir » prend de l’ampleur et devient un véritable phénomène de mode. Dans des spa, restaurants ou bars, de jour comme de nuit, les clients sont invités à profiter de leur massage, de leur repas ou à prendre un verre… dans le noir. Et si vous vous demandez comment le personnel fait… eh bien il porte des lunettes infrarouges pour assurer le service ;)

Dans un esprit moins mercantiliste, les artistes maliens Amadou et Myriam  eux, proposent une « expérience  sensorielle » au public. Dans leur nouveau spectacle éclipse, ils se produisent dans une obscurité totale.  Par ailleurs, il s’agit aussi pour le couple aveugle de partager leur vécu de non voyants avec les spectateurs.

Et enfin dans une démarche plus militante, la Fédération des Aveugles de France (FAF) a imprimé pour 2012 un calendrier mettant en scène des personnalités politiques et célébrités françaises dans une situation de handicap visuel pour dénoncer les difficultés auxquelles se heurtent les aveugles.

Certaines de ces  initiatives peuvent sembler loufoques certes mais elles contribuent, chacune à leur manière à porter un autre regard sur les personnes vivant avec un handicap.

Lutter contre les discriminations à l’encontre des PVH (Personnes Vivant avec un Handicap) est un défi de taille à relever et passe assurément par un changement dans la manière dont nous parlons et agissons envers eux. D’ailleurs pour beaucoup d’entre nous, nous parlons de « handicapés » pour référer aux personnes vivant avec un handicap.

Imaginez qu’après une maladie ou un accident (lahawla*), vous venez à perdre l’usage d’un de vos membres (paralysie) ou le membre lui même (amputation) ou un de vos sens (vue, ouïe, etc.) et que malgré ce « handicap » vous vaquez à vos occupations…

Voudriez vous qu’on vous appelle « handicapé » ? La réponse est évidemment NON !

Pas parce que ce mot revêt une connotation négative mais juste parce que vous n’êtes pas « handicapé » mais « en situation de handicap » car vous continuez d’user de vos autres facultés qu’elles soient physiques ou mentales. Eh bien voilà, aussi banale que cela puisse paraître il est important d’utiliser la bonne terminologie pour parler des PVH.

De manière inconsciente, le langage que nous utilisons construit et forge notre perception des choses et naturellement nos attitudes et comportements. Avec nos mots à connotation négative, nous avons au fil du temps, stigmatisé, marginalisé puis discriminé une partie de la population. Ces femmes, ces hommes, ces garçons et ces filles que nous avons labélisés « handicapés ». 

Des personnes que nous regardons avec pitié ou dans le meilleur des cas avec compassion. Les PVH puisque c’est d’eux dont il s’agit n’ont nul besoin que l’on s’apitoie sur leur sort ! Respectons leurs droits en les mettant dans les mêmes conditions de vie (accès égal à l’éducation, prise en compte de leurs besoins dans la construction des bâtiments et espaces publics, etc.) et en leur offrant les mêmes opportunités que le reste de la population. C’est la seule et la meilleure manière de leur rendre justice.

Et gardons à l’esprit que nul est à l’abri d’un handicap…

Faty.





* Expression populaire au Sénégal pour dire que Dieu nous en préserve



vendredi 13 avril 2012

Bébé planifié / Bébé improvisé




Cette question constitue le slogan de la campagne lancée en avril 2010 par le Ministère Français de la Santé pour sensibiliser les adolescents et adolescentes sur la contraception. 

Inverser les rôles pour sensibiliser, voilà la belle idée de cette campagne. Une série de clips vidéo montrant des adolescents dans le rôle de leur copine dans des situations malheureusement bien trop souvent fréquentes. Le résultat est drôle et le message principal sérieux dans le fond ne laisse pas indifférent. Jugez plutôt par vous même !



Au delà d’un message spécifique à un public jeune sur les grossesses non désirées et donc de la contraception, cette pub pousse les hommes (jeunes et adultes) à imaginer ne serait qu’une minute la douleur d’un accouchement.

La douleur de l’accouchement et celle de la grossesse sont les arguments auxquels les hommes réticents à la limitation des naissances semblent être le plus sensibles. Du moins les hommes vivant dans les pays en développement où les structures de santé sont sous équipées où quasi inexistantes sans compter le manque de personnel qualifié.

Cette pub, si elle était faite dans un pays comme le Sénégal (où le sexe en dehors du mariage est un tabou) s’adresserait bien sur aux hommes mariés qui sont contre la contraception.

Qu’il s’agisse d’éviter une grossesse non désirée (bébé improvisé) ou d’espacer ses grossesses (bébé planifié), la contraception reste l’unique solution. Elle peut être faite de manière naturelle (abstinence, collier de cycle, retrait au moment de l’éjaculation…) où à l’aide de méthodes contraceptives (condoms, implant, pilules etc.).

Au Sénégal, où l’on compte plus de 90% de musulmans, l’argument religieux est érigé en bouclier pour s’opposer au Planning Familial (la contraception dans le cadre du mariage). Comme autres facteurs de blocage, on peut citer les pesanteurs socioculturelles qui soumettent la femme au diktat du mari et de la belle-mere (oui, encore elle !). S’y ajoute la compétition entre femmes  lorsqu’il s’agit des ménages polygames où il faut s’assurer d’avoir le plus d’enfants possibles pour rafler la mise au moment de l’héritage.

Résultat des courses, le pays compte un taux faible de prévalence de la contraception, qui est d’environ 11% soit 1 femme sur 10.





Faty



mardi 30 août 2011

Un slam pour ma ville


Quai de pêche de Soumbédioune




Dakar, ville sympathique
Cité angélique

Métropole cosmopolite
aux ambiances éclectiques

Dakar, presqu’île au relief magnifique
A la statue ''fantastique''

…Mais sous ses airs idylliques
Dakar est une belle diabolique

Dakar, cette ville bordélique
Capitale d’un pays anarchique

Cette ville merdique,
Que dis-je cette poubelle publique
Est loin d’être idyllique…

Dakar est une malade chronique :
1.      Un mirage économique
2.      Un scandale écologique
3.      Pire. Dirigée par des comics!

Oui mirage économique
Demande surtout au personnel domestique,
Qui pour la plupart est payé en dessous du SMIC
Exode rural
Conditions infernales
Réalité hélas, banale.

Scandale écologique
Disparue notre corniche magnifique…
Pour la voir de près,
Faudra franchir des portes vitrées
Payé 5,000 balles un verre de coca
Affronté le regard hagard du serveur payé
Le prix d’un dîner en amoureux dans le resto situé de l’autre coté…

Bienvenue au paradis des autres…
Au paradis des gens chics
Ceux là loin des péripéties de cette ville pathétique

Qui je disais, dirigée par des comics
Qui n’ont pas l’air de remarquer
Les tas d’immondices et l’odeur fétide de la pisse
Ce qui nous vaut autant de défenses de d’uriner sur les murs de la ville
Bienvenue à Dakar la toxique !
En plus de cette forme de pollution, faut s’habituer à celle sonore
Mais celle là faut la taire par contre, tabou national oblige…

Dakar cette ville où l’on se passe de feux rouge
Ce n’est pas un problème tant qu’on connaît le code de la main…
Source de tant d’accidents
Entre cars rapides, ndiaga ndiaye et autres taxis
Les piétons à Dakar sont des éternels survivants
C’est pas facile quand on vit avec des voitures volantes
Un piéton à Dakar est une âme en sursis

Façon, Dakar va de mal en pis
Le pire, c’est qu’on s’en fout, alors tant pis
Tant pis si le pris du loyer augmente,
Tant pis si les accidents tuent de plus en plus
Tant pis si l’on profite de la corniche de moins en moins

L’essentiel pour le Dakarois, c’est d’habiter à Dakar
Que la ville se dégrade, que les quartiers s’inondent
L’essentiel c’est d’être à Dakar
Peu importe si l’on souffre, l’on déprime
On endure et on supporte
On est et on aime être à Dakar

Saint-Louis, Thiès, Fatick, Louga, Tambacounda
Ce n’est pas qu’on aime pas nos villes natales
C’est juste que y’a pas grand chose à faire
Que faire dans ces villes qui fonctionnent à 2 à l’heure ?!
Tout se trouve à Dakar, tout se fait à Dakar

Alors il faut être à Dakar… ville magnifique, angélique, au monument ''fantastique''

Cette ville idyllique où beaucoup viennent avec du yakar (espoir)
Mais ne trouvent que du nakhar (peine)

J’aurai aimé terminer sur une note sympathique
Mais il m’est difficile de ne pas être sceptique,
Je suis à l’image de cette ville,
Cynique.

Slam.

Faty.




mardi 16 août 2011

Une victime peut en cacher une autre


Route de Bargny. Les voitures sont toutes à l’arrêt et dans les deux sens. Quelques minutes suffisent pour nous rendre compte que cet arrêt ne relève pas d’un embouteillage ordinaire. Non il ne s’agit pas d’un accident de la route comme on l’en compte souvent sur cet axe… la confirmation nous vient d’un marchand ambulant qui nous informe qu’il s’agit d’une manifestation.

Six ans après le lancement en grande pompe du plan Jaxaay, un vaste projet de construction de 10,000 logements sociaux pour le relogement de toutes les familles victimes d’inondation, Jaxaay ne convainc toujours pas. Une de ses principales controverses réside dans le mode d’attribution des maisons. Une situation qui contribue à amplifier la frustration des familles qui vivent encore le calvaire des inondations.

Les jeunes des quartiers environnants fatigués de patauger dans des eaux de pluies stagnantes tentent de se faire entendre. Après avoir tenté en vain d’attirer l’attention des autorités, ces jeunes ont décidé de prendre leurs concitoyens en otage en bloquant la nationale. L’unique route qui relie la capitale Sénégalaise Dakar au reste du pays. Inutile donc de souligner à quel point le lieu choisi est stratégique.

Comprenant qu’il faille attendre les forces de l’ordre pour espérer poursuivre notre route, nous nous sommes résignés à quitter nos voitures pour nous mettre à l’abri de la chaleur. De l’autre coté de la route, une station d’essence où des petits groupes se forment instantanément pour bien sûr commenter cette actualité à chaud et lancer les débats.

La faim, la chaleur et l’impatience de reprendre la route font perdre à ces débats spontanés toute objectivité. Un homme d’une trentaine d’années sûrement le plus en colère d’entre tous s’expriment en ces termes ‘‘Ce que ces gens là font n’est pas normal, ils n’ont qu’à libérer la voie. Moi j’habite Rufisque et j’ai de l’eau jusque dans ma maison et ce n’est pas pour autant que j’emmerde le monde !’’. 

Un commentaire qui se passe de commentaires…

Et pourtant ce monsieur est appuyé dans ses propos par la plupart des personnes autour. Incroyable mais vrai ! Apparemment rien ne semble justifier, aux yeux de cette majorité, la pertinence de cette action. En effet, le fait qu’il s’agisse d’inondations ne semble pas ébranler outre mesure ces braves gens. Les inondations seraient-elles devenues banales et les soulèvements qui en découlent des faits divers ?

La question est légitime.

Peut être que l’action aurait gagné en impact si elle avait été mieux préparée ? Peut être auraient-ils mieux fait de contacter les média ? D’inscrire leurs revendications sur des pancartes ? Profiter de cet arrêt pour discuter avec les automobilistes du bien fondé de leur acte ? Montrer si possible quelques images de leurs maisons afin de créer de l’empathie ?

L’improvisation est parfois efficace mais seulement si toutes les conditions sont réunies. Ces conditions pourraient inclure une meilleure coordination des victimes pour organiser ce type de manifestation, la mise en place d’une association pour défendre les droits des victimes d’inondations au cas ou cela n’existe pas, une vraie campagne pour l’assainissement, un plan à long terme en lieu et place de plans ponctuels. Mais par dessus tout un véritable plaidoyer pour une approche cohérente de la question de l’habitat en mettant sous un même ministère l'habitat, l'assainissement, l'urbanisme, l'aménagement du territoire qui se trouve chacun dans un ministère séparé.

Pendant que je suis encore plongée dans mes pensées, les forces de l’ordre arrivent (enfin). En moins de deux, ils déguerpissent ces ‘‘agitateurs de l’ordre public’’ comme de vulgaires criminels. En colère, compatissantes ou insensibles, les victimes apparentes et seuls témoins de cet acte d’impuissance se remettent en route… laissant les vraies victimes, celles de l’injustice face à leur désolation.


Faty Kane


Note: Je vous encourage vivement à regarder l'extrait du documentaire ''Plan Jaxaay''
du cinéaste Sénégalais Joseph Gaï Ramaka. Il nous plonge au coeur de l'univers des habitants du quartier Médina Gounass, une banlieue de Dakar où faut-il le dire il ne fait pas bon vivre...