vendredi 22 juillet 2011

23 juin – 23 juillet : retour sur quatre semaines de folie


En revoyant ce matin les photos du 23 juin, j’avoue qu’elles avaient l’air beaucoup moins spectaculaires que lorsque je les avais  prises… je les avais laissé dans l’appareil pour les avoir à portée de main et les exhiber à l’occasion pour qui voudrait les voir ! Mais passée l’euphorie du moment, j’en avais presque oublié leur existence et l’appareil n’est jamais ressorti de son étui jusqu’à ce matin…

Et pour cause, il est prévu demain un remake du 23 juin. À en croire les analystes, le 23 juillet n’aura rien à envier aux grands films d’action vu le type de scénario envisagé, le  casting exceptionnel, les dispositions organisationnelles et sécuritaires déployées et les ressources humaines et financières mises à contribution. 

Pour rappel, le 23 juin a vu les rues de Dakar et d’autres régions à travers le pays malmenées par une masse colérique et déterminée. Les Sénégalais se sont mobilisés comme jamais pour empêcher le vote par l’assemblée nationale d’un projet de loi visant à faire élire un ticket présidentiel (élection d’un vice président en même temps que le Président) et à fixer à 25% des suffrages exprimés, le taux requis pour l’élection du Président de la République.  

Dopés par la démonstration de force qui a conduit à la reculade du gouvernement 3 jours plus tôt, les jeunes ont réinvestis les rues le 27 juillet pour exiger l’impossible - la fin des coupures d’électricité.

Malgré ce motif valable sur le fonds, la forme a en fait se désolidariser plus d’un. Les partis politiques de l’opposition, le mouvement Y’en a marre ainsi que les organisations de la société civile ont dénoncé de toutes leur force les actes de violence, de pillage et de vandalisme qui ont marqué ces manifestations. Il faut croire qu’il y avait des infiltrés car on n’a quand même l’habitude des mouvements d’humeur contre les coupures mais jamais de cette nature.

Les deux semaines qui ont suivi ont vu défilé tout ce que le pays compte de politologues, de politiciens et de politiciens non déclarés (une bonne frange de la société civile). Mais mes analyses et commentaires préférés restent ceux des pro Wade qui, de bonne guerre ont tenté de faire porté le chapeau à l’opposition. Même si les initiateurs du 23 juin ont une part de responsabilité dans les évènements du 27 pour avoir inspiré ses acteurs ; cet exercice s’est avéré difficile pour les gens du pouvoir vu le profond dégout et dédain qu’ils suscitent. 

Un autre fait qui a marqué l’actualité est la publication de la lettre ouverte de Karim Wade aux Sénégalais. Il aura osé l’impensable - se poser en victime allant jusqu’à dire que rien ne lui a était donné, qu’il est toujours parti de rien pour faire ‘‘ses réalisations’’ et qu’il ne comprend pas toutes les attaques et critiques dont il fait l’objet…

Les Sénégalais auraient volontiers passé encore quelques semaines à l’insulter mais une fois de plus le fils a été sauvé par Papa Président ! La lettre a été jetée aux oubliettes dès l’annonce du discours de Papa Président le 14 juillet dans un hôtel de la place. Près de trois semaines après les fameux 23 et 27 juin, notre Président de la République, par voie détournée certes (rencontre exclusivement réservée à son parti - le PDS) a daigné s’adresser au peuple mettant ainsi fin à un long silence devenu assourdissant.

Une comédie politique qui aurait pu s’intituler ‘‘Wade aux pays des merveilles’’. 

Nous avons eu droit à 3 heures d’éloges de la part des élus PDS (maires, parlementaires, sénateur etc.) qui lui ont répété à tue-tête, l’un après l’autre qu’il était le plus beau, le plus intelligent et le plus aimé du pays (LOL). C’est donc un Wade requinqué qui a déversé sa bile sur l’opposition et réaffirmé sa candidature à la présidentielle de 2012. N’étant pas sur s’il avait dit ou non qu’il pouvait se représenter comme l’affirme la presse preuve audio et vidéo à l’appui, il a d’abords nié (sénilité quand tu nous tient !) avoir tenu de tels propos avant de nous servir le désormais célèbre ma waxon waxeet (comprenez : Je peux dire une chose et son contraire). 

Cette mise en scène aussi maladroite que farfelue a radicalisé le mouvement du 23 juin. En effet, ces initiateurs comptent organisé une contre manifestation le 23 juillet en réponse  à l’appel du Président à ses militants : une démonstration de force pour montrer la ‘‘popularité’’ et le ‘‘soutient’’ dont jouit leur leader.  

Demain 23 juillet risque de sonner le début d’un long bras de fer… let’s wait and see !

Faty.